Découvrez et adoptez une des technique éprouvée pour motiver, persuader et informer votre prochain auditoire.
Article tiré de : Le blog de Gérald Karsenti
Le Story Telling est une méthode utilisée depuis quelques années en communication pour raconter au sens propre du terme une histoire. L’idée est de faire adhérer un public à une idée, à un projet ou à un programme. Fondé sur la structure narrative du discours, on se rapproche du conte ou du récit.
Quel est le but du Story Telling ? Faire rêver, sans aucun doute, faire rentrer le maximum de personnes dans notre univers pour qu’elles se sentent totalement investies, au point de vouloir contribuer à la réalisation du projet.
Est-ce un bien ou un mal ?
Cela dépend. D’un certain point de vue, poussé à l’extrême, le Story Telling peut être une forme de manipulation. Un bon orateur peut en effet abuser des gens en utilisant une communication imagée et inspirante. Il faut donc être méfiant ou du moins sur la réserve. Car rien n’est plus dévastateur que des usurpateurs exploitant l’incrédulité ou la naiveté des gens. Et il y en a. On peut abuser autrui par goût du pouvoir, de l’argent ou pour d’autres raisons, peu importe au fond le motif, seul reste dans ce cas la trahison. Et rien n’est pire que de découvrir que l’histoire à laquelle on croyait vigoureusement n’est en fait qu’un tissu de mensonges. C’est un peu comme dans une histoire d’amour où l’on viendrait à prendre soudainement conscience que l’autre s’est totalement moqué de vous …
D’un autre côté, le Story Telling est sans doute un bon moyen de redonner un sens aux choses, une valeur à l’acte, à la parole, un but à ce que nous faisons, une vision à notre démarche. Nous manquons tellement d’entrain de nos jours. Nous avançons certes mais bien souvent nous ne savons plus très bien pourquoi.
Il y a longtemps que des patrons de groupes utilisent cette technique, tout comme les femmes et les hommes politiques. Du moins certains. Celles et ceux qui manient bien l’acte de la communication orale. Car rien n’est pire que de vouloir l’utiliser sans la maîtriser. On peut facilement alors déclencher l’effet inverse à celui initialement recherché.
Pourquoi cette technique a-t-elle autant de succès ? Les orateurs de talent ont compris depuis belle lurette que l’on entraîne personne, ou du moins peu de gens, en utilisant des éléments factuels. Il y a une raison à cela.
Prenons le cas de Louis, un leader au cursus parfait : une excellente éducation, une très bonne formation (un bon Lycée, une bonne école d’ingénieur complétée par un MBA de bonne réputation), une carrière logique et structurée, une solide culture. Louis parle bien. Il ne fait pas de faute et a une très bonne élocution. Il est rationnel. Toute le monde s’accord à dire qu’il est d’une intelligence prodigieuse. Tout irait dans le meilleur des mondes s’il n’y avait pas un … bémol …
Et pourtant quand il s’adresse à ses équipes ou à un public plus ou moins large, il sent bien qu’il lui manque quelque chose. Il ne fait jamais de flop mais il sent bien qu’un déclic ne se produit pas.
Que se passe-t-il ?
En l’écoutant asséner ses raisonnements, alimentés de chiffres, de graphiques, de courbes, de faits, d’éléments factuels, personne ne peut dire qu’il n’est pas crédible. Il l’est et tout le monde le lui accorde. On sort de ses prestations en se disant : « brillant ! ». Et pourtant, rien ne se passe, aucune action ne suit ses discours. Personne ne bouge. D’un meeting à l’autre, il a l’impression de reprendre à zéro et il doit souvent se fâcher après ses managers pour que les choses évoluent un peu, avant de retomber, tel un soufflé, une fois sa « pression » relâchée … C’est frustrant pour toute le monde.
En agissant ainsi, Louis parle au cortex cérébral, cette partie du cerveau qui pilote la partie rationnelle, le raisonnement, la logique, etc. mais pas … l’action. Et là est tout le secret. Pour passer de la compréhension à l’action, il faut toucher une autre partie du cerveau que l’on appelle le système limbique. Lui seul agit sur les émotions, nos tripes, et nous pousse à nous bouger, à aller dans le sens voulu par l’orateur, à ne pas nous contenter de l’écouter mais à l’aider tout simplement.
Pourquoi ? Parce que l’on se sent touché. Et ce n’est pas rien. On sent que quelque chose se passe. Il vient de donner du sens à l’objectif global mais surtout au rôle que l’on peut avoir individuellement. Tout est là.
Comment faire ? Il faut raconter une histoire, comme l’ont toujours fait les leaders à travers les temps. Les hommes ont toujours eu besoin de cette part de rêve. Prenons les écrits bibliques ou les oeuvres d’Homère. Il faut donner corps à son projet et l’inscrire dans une perspective enthousiasmante, sans tricher, sans mentir, en étant vrai. Soi-même.
Est-ce de la manipulation ? Je ne sais pas. Mais peu importe au fond s’il y a une part d’exagération car au final, cela finit toujours par payer. Nous autres humains avons besoin d’une cause pour bouger, agir, donner le meilleur de nous. Il nous appartient alors individuellement de savoir à qui nous devons accorder notre confiance ou pas.
Le Story Telling utilisé à bon escient est donc porteur de succès car il entraîne l’adhésion, l’envie de ne faire qu’un, de former un tout et d’avancer ensemble.
On vise les émotions plus que le cérébral. Mais n’est-ce pas de cela dont nous avons le plus besoin aujourd’hui ?
Gérald Karsenti
Article tiré de : Le blog de Gérald Karsenti